Le Kali-Yuga, en phase crépusculaire, est aussi, en raison même de la décomposition avancée qui le caractérise, l’ère où s’impose le recours aux « moyens salvifique » (upâya) qui sont ceux du Tantra, seul capable de réunir les ingrédients de l’alchimie requise en temps de crise : accélération délibérée du processus de « mortification » déjà bien engagé, utilisation de ce qui se présente de prime abord comme un obstacle (le corps, les passions, le désir), transmutation finale des situations adverses en voie d’éveil : « À cette époque de décadence religieuse, ils entendent montrer, pour tendre au but suprême, des chemins nouveaux, répondant mieux que les prescriptions védiques aux exigences de l’heure », écrit Jean Gonda de l’émergence du Tantra en Inde. De même en fût il du Tantra bouddhique, émanant du Bouddha Sâkyamuni lui-même, dit la tradition, mais tenu secret jusqu’au moment où la divulgation de cet enseignement s’est avérée nécessaire et propice. C’est à une désoccultation que l’on assiste, soutenu par une trame métahistorique sans équivalent occidental, hormis peut-être dans l’Histoire sainte conçue comme plan providentiel et divin.
Françoise Bonardel : Bouddhisme tantrique et alchimie
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