« Bomb the daynursery »

 

L’art du passé doit être nurseryfié, car cet art du passé représente ce qu’a pu être l’affirmation virile et adulte la plus haute de la période historique. C’est la raison pour laquelle un musée qui n’aurait pas son service poussettes et le nombre de chauffe-biberons réglementaires devrait fermer ses portes instantanément. Je me souviens, l’année dernière, avoir visité l’exposition « Passion érotique », littéralement suivi, de salle en salle, par une jeune femme qui poussait un landau démoniaque dont les roues grinçaient. Allant ainsi d’œuvre en œuvre avec son landau vide ; le bébé était promené par son père, une espèce de forçat à la traîne, livide et ahuri. Par sa seule présence décidée, cette jeune femme effaçait la beauté sexuelle des œuvres de Picasso. Et il était impossible de penser qu’elle ne savait pas très bien ce qu’elle faisait, ni que c’était pour cela seulement qu’elle était venue.

Philippe Muray : Exorcismes spirituels III, mondes monstres

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