Ill. : Samuel Hirszenberg. Source : La Cabale, nouvelles perspectives, par Moshe Idel, traduit de l’anglais par Charles Mopsik, éditions du Cerf, collection Patrimoine judaïsme, relecture en cours, septembre 2018-avril 2024.
Dans l’Apocalypse de Baruch, Baruch et
Jérémie « déchirent leurs vêtements, pleurent, prennent le deuil et
jeûnent sept jours. Et voici qu’après sept jours, la parole de Dieu vint à
nous. »
Un trait général du pleurement
« apocalyptique » est un état de désolation associé à la destruction
du Temple ou à d’autres signes de déclin religieux, état qui provoque un
sentiment de désespoir exprimé par le pleurement et par les révélations
consolatrices qui le suivent. La connexion entre le pleurement et les
perceptions paranormales qui ont lieu en rêve est également patente dans un
récit madrachique :
« L’un des étudiants de R. Siméon bar Yohai avait
oublié ce qu’il avait appris. En larmes, il se rendit au cimetière et à cause
de son grand pleurement, il [R. Siméon] lui apparut en rêve et lui dit :
quand tu gémis, jette trois pierres et je viendrai. » L’étudiant alla chez
un interprète de rêves et lui dit ce qui était arrivé. Ce dernier lui
déclara : « Répète ton chapitre, tout ce que tu as appris, trois fois
et il reviendra auprès de toi. » L’étudiant le fit et cela advint
réellement. »
La corrélation entre le pleurement et la visite d’une tombe semble indiquer une pratique destinée à provoquer une vision. C’était, assurément, un élément d’un contexte plus large, dans lequel les cimetières étaient des sites où l’on pouvait obtenir une vision. Le fait de s’endormir en pleurent, mentionné ici, semble aussi faire partie de la séquence suivante : visite d’un cimetière, pleurs, endormissement accompagné de larmes, rêve révélateur. »
Comme nous le verrons plus loin, cette séquence, à l’exception de l’emploi des tombes, sera reprise dans l’expérience de R. Hayyim Vital. Il est évident que cette histoire a été conservée dans le Midrash parce qu’elle visait à obtenir un remède, un procédé de répétition mnémonique, pour l’oubli de la Torah.
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