A. Ohlmarks distingue entre un chamanisme arctique et
un chamanisme subarctique, d’après le degré de maladie mentale de leurs
représentants. Selon cet auteur, le chamanisme aurait été originairement un
phénomène exclusivement arctique, dû en premier lieu à l’influence du milieu
cosmique sur la labilité nerveuse des habitants des régions polaires. Le froid
excessif, les longues nuits, la solitude désertique, le manque de vitamines,
auraient influé sur la constitution nerveuse des populations arctique en
provoquant soit des maladies mentales, l’hystérie arctique, le meryak, le
menerik, soit la transe chamanique. La seule différence entre un chaman et un épileptique
serait que ce dernier ne peut pas réaliser la transe de sa propre volonté. Dans
la zone arctique, l’extase chamanique est un phénomène spontané et
organique ; c’est seulement dans cette zone qu’on peut parler du
« grand chamanisme », c’est-à-dire de la cérémonie qui finit dans une
transe épileptique réelle, pendant laquelle l’âme est supposé avoir abandonné
le corps et voyager vers les cieux ou les enfers souterrains. Dans les régions
subarctiques, le chaman, n’étant plus victime de l’oppression cosmique,
n’obtient pas spontanément une transe réelle et se voit forcer de provoquer une
demi-transe à l’aide de narcotiques ou de mimer dramatiquement le voyage de
l’âme.
Commentaires
Enregistrer un commentaire