Source : Et Dieu joua aux dés, par Jean-Clet Martin, éditions Presses Universitaires de France
La répétition différentielle, Deleuze l’illustre par
l’éclair qui parcourt le ciel noir. Drôle de citation comme toujours :
« L’éclair par exemple se distingue du ciel noir, mais doit le traîner
avec lui comme s’il se distinguait de ce qui ne se distingue pas. » Il est
vrai que deux chaises, deux canapés, deux crayons sont différents de
l’extérieur, posés l’un à côté de l’autre, indépendants, et c’est mon esprit
qui les compare. Ici, au contraire, l’éclair se produit plutôt dans le ciel
noir, à partir de lui, le long d’une différence qui le recoupe, celle de la
transformée de Fourier.
Une variation des ondes qui se rectifient dans un sens
et se déchaînent dans l’autre, passage du discret au continu par une série tout
à fait effarante. L’ondulation des nuages accompagne sans doute le déchaînement
de la foudre qui s’extrait du fond sans que cette dernière ne s’en coupe. Il en
va ainsi des vagues qui ne sont pas différentes de la mer selon une distinction
abstraite, mais dont la différence est bien une répétition réelle. On dirait,
poursuit Deleuze, dans le même passage, « que le fond monte à la
surface sans cesser d’être fond. »
En tout cela, l’intrication de la différence et de la répétition est le nom de l’immanence autant que de l’évolution créatrice. Une évolution anonyme, la teneur impersonnelle d’une troisième personne du singulier. Par exemple, au moment de l’éclair, s’agissant de l’orage, « il pleut. » Il pleut sans que ce « il » ne désigne la présence d’un étant privilégié. On ne sait exactement qui est ce « il », comment délimiter ce foyer qui ne prend le nom de la troisième personne du singulier autrement que par une fonction d’ondes hétérogènes qui rappellerait la transformation de Fourier.
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