« C’est le masque de notre mépris pour le monde »

 

C’est par la création d’un personnage ayant l’envergure du mythe ou par l’incarnation de l’Auteur, qu’un écrivain atteint la cible de toute littérature : accéder au monde intelligible que la Bibliothèque mythique symbolise, participer au Panthéon des personnages immortels que la littérature a créés, « l’inconcevable musée. » L’Auteur, qui a dépassé « les traits distinctifs d’un moi » disparaît en se haussant à l’universalité des lettres. Il entre dans l’Universitas litteratum, dans la communauté secrète, restreinte et éparse, des véritables hommes de lettres. Ceux-là ont abdiqué leur individualité, ils sont « tout et personne » comme le Simurg, l’oiseau fabuleux. Parce que cette communauté est « mystérieuse », l’œuvre véritable où un Auteur s’avère, est ésotérique et secrète. C’est ce qui apparente la littérature selon Borges à la gnose. « Connais tous les autres et que nul ne te connaisse. » Éthique de la disparition.

Raphaël Lellouche : Borges, l’hypothèse de l’auteur

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