Le Quatrième Livre, le dernier
livre du Gai Savoir de 1882, s’achève sur deux notes cruciales, pour les
développements futurs : l’éternel retour et Zarathoustra. Dans Le poids
le plus lourd et Incipit tragaedia, mais, juste avant, survient un
fragment qui nous concerne davantage encore, Vita femina. Avec cet
alinéa 339, nous sont décrits « les plus hauts sommets de tout ce qui est
bien », comme « quelque chose de caché et de voilé », et à
condition que l’on ait « écarté les voiles de ses sommets », mais de
telle façon pourtant que « ce qui se dévoile ne se dévoile qu’une
fois. » Là, de la vie, est son plus grand charme : elle porte sur
elle, en effet, « un voile de belles possibilités, prometteuses,
farouches, pudiques, moqueuses. » Voici venue la conclusion :
« Oui, la vie est femme. » À peine ces lignes sont-elles imprimées,
que survient Lou, celle qui va faire monter la flamme et faire voir que
« le monde est gorgé de belles choses. » Elle qui va quitter la
chambre de Tautenburg afin de partir pour Bayreuth en spectatrice du second
Festival, qui laissera exilé l’auteur du grand panégyrique wagnérien de 1786,
« Richard Wagner à Bayreuth », quatrième et dernières des
Considérations intempestives. Date fatale : c’est celle même de la Salomé
de Gustave Moreau, nue à travers son voile qui est dessiné dans sa transparence
comme un tatouage.
Jean-Pierre Faye : Nietzsche et Salomé
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