Source : Le Diable au dix-neuvième siècle, la mystification du Docteur Bataille ou la Mystification transcendante, suivi d’extraits choisis tirés de l’œuvre du Docteur Bataille, par Michel Berchmans, éditions Marabout, collection Univers secrets
Que sont les Palladistes
lucifériens ? Pas des disciples de l’évêque Lucifer de Cagliari, mort aux
environs de 370, qui refusait la miséricorde aux hérétiques et boudait qui la
leur accordait. Pas des satanistes non plus, comme Huysmans en a présenté dans
Là-bas. Ceux-là sont des catholiques dévoyés : il y a Dieu, il y a le
Diable qui lui est soumis et se voue au mal. Las de n’avoir rien obtenu de
Dieu, les satanistes se tournent vers le démon, le louent, l’adorent, le
servent, sachant qu’il est le mal et qu’ils seront damnés.
Pour les lucifériens, il en va de tout
autre manière. Déjà, les Bogomiles ou Néo-manichéens, déclaraient :
« Le démon est un dieu tombé, aîné du fils, ayant gardé une grande partie
de sa puissance et redoutable. » Mais pour les hérétiques découverts en
Autriche, à Krems, en 1315, la doctrine devint déjà plus originale : le
Dieu injuste de l’église, Adonaï a chassé du ciel le Dieu juste, Lucifer, qui
triomphera à la nuit des temps. Les démons injustement chassés du ciel,
recouvreront la béatitude, Michel et les anges, et les non-croyants seront
damnés.
Cette doctrine, complétée d’emprunts à
la gnose primitive, n’est au fond qu’une reprise du Parsisme, avec sa lutte
d’Ormudz et Ahriman. Et certains points obscurs de la doctrine permettent de
croire qu’en fait, Ahriman détrône Ormudz, que la lutte en cours a pour but la
reconquête du ciel.
Cette doctrine fut sans doute réellement professée par l’Albert Pike historique. D’aucuns l’ont déclarée ridicule, grotesque ; elle fournit tout de même une réponse au problème du mal. Pas neuve, sans doute, mais y en a-t-il ? Peut-il y en avoir dès qu’on ne se satisfait pas de cette idée que le monde est le fruit du hasard et est dépourvu de sens, que, dès lors, le problème du mal n’a pas moins d’importance que celui des marées ou de la chute des corps ? Pas davantage non plus.
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