Source : Une histoire de la conquête spatiale, des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space, par Irénée Réginald et Arnaud Saint-Martin, éditions La Fabrique
Entre l’opération de relations
publiques et le marketing mâtiné de philanthropie humanitaire, la livraison de
terminaux et de paraboles aux populations civiles et aux forces armées
ukrainiennes est un tournant spectaculaire dans l’histoire au pas de course de Starlink.
C’est, pour SpaceX, l’occasion de démontrer l’intérêt militaire d’un
service érigé en arme pacifique dans les zones dévastées. La résilience du
service convainc nombre de hauts gradés du Pentagone de l’utilité de
« mégaconstructions » en orbite basse, en rupture avec les systèmes
traditionnels en orbite moyenne ou géostationnaire.
En décembre 2022, SpaceX
emboîte le pas et publicise une possible offre de services Starshield
(qui inclurait, en plus des télécommunications spatiales, des missions d’observation
de la Terre) à l’adresse des agences militaires et du renseignement
états-uniens. Il en résulte néanmoins une vulnérabilité de ces services
« duaux » : en effet, ces nouveaux rapprochements entre SpaceX
et les armées exposent de fait ces systèmes techniques aux attaques des
adversaires et ennemis des U.S.A. : la Russie, bien sûr, mais aussi la
Chine, dont la station spatiale chinoise a été forcée de manœuvrer à deux
reprises en 2021 pour éviter des collisions avec des satellites Starlink.
La menace d’un écroulement financier est, avec les risques de collisions en chaîne, la plus sérieuse. Dans un tweet publié en février 2021, Elon Musk a averti : « Chaque nouvelle constellation de satellites de l’histoire a fait faillite. Nous espérons être les premiers à ne pas sombrer. » C’est, pour l’instant, la course contre la montre, qui comprend de nouvelles levées de fonds et la possibilité d’une entrée en Bourse pour valoriser l’affaire SpaceX, emblème du New Space, semble pareille à un château de cartes : si l’un des éléments vient à tomber (Starship, Starlink) c’est l’ensemble qui pourrait s’effondrer, et avec lui le credo d’un astrocapitalisme sans limite
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