Source : Nietzsche et Salomé, la philosophie dangereuse, par Jean-Pierre Faye, éditions Grasset.
Si de façon problématique l’on nommait
« transformat » ce résultat toujours transformable, il
apparaîtrait que la contradiction nietzschéenne, ou plutôt le nécessaire
déplacement de toutes transformations qui permet d’éviter le simple contredire,
soumet les terrains d’enquêtes et les propositions qui s’y rapportent au feu
d’un creuset transformatiste permanent.
Assurant les passages, entre les
non-identiques : entre « diamant, graphite et charbon. » C’est
« cette façon de penser qui est création » nous assure le Nietzsche
d’avril 85, au premier printemps de l’après-Zarathoustra et qui est
« jouissance suprême de l’existence », « höchste Genuss des
Daseins. » Les enjeux que décèlent les mots « éthique » ou
« morale » vont donc être soumis à ce « déplacement global, à ce
retournement des corps, à ce travail moléculaire, à cette suprême
jouissance. »
Nous introduisons ainsi les traces de
nos pas dans une investigation inconnue : celle d’un Nietzsche
transformatiste, venu au-devant de nous aujourd’hui. À la veille du second des
deux siècles qu’il affirme avoir d’avance racontés. Le « déplacement
global » de toutes les transformations, il le désigne d’un mot allemand
qui, dans la Science des rêves freudienne, quinze ans plus tard, désignera
l’une des « lois » dans la composition du rêve : la Verschiebung.
Comme si ce déplacement des
transformables était vécu et interprété à la façon d’un rêve en effet. Il
s’accélère et se précise, se fait plus véhément et plus proche de sa justesse,
à mesure que s’approche le cauchemar euphorique de janvier 1889 à Turin et son
apogée le 6 janvier avec la lettre au professeur Jacob Burckhardt :
« Finalement, je préférerais de beaucoup être professeur bâlois que d’être
Dieu. »
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