Transmigration

Source : Turbulences dans l’univers, Dieu, les extraterrestres et nous, par Jacques Arnould, éditions Albin Michel, relecture en cours.

Camille Flammarion, dont le premier ouvrage, publié en 1862, s’intitule La Pluralité des mondes habités, est parfois considéré comme le « French Proctor »

Catholique dans sa jeunesse, il entre en « apprentissage » à l’Observatoire de Paris, sous la conduite de son directeur Urbain le Verrier, et se rapproche de la pensée religieuse de Jean Reynaud. Dans Terre et ciel, édité en 1854, Reynaud professe la migration des âmes, après la mort psychique, de planète en planète, pour y poursuivre leur perfectionnement ; une spiritualité qui s’accorde tout naturellement à l’existence d’autres mondes et le statut modeste, voire médiocre, de la Terre.

Ce contexte explique en partie le succès éditorial de La Pluralité des mondes : l’ouvrage de Flammarion reçoit l’appui de Reynaud, celui aussi d’Allan Kardec qui a lui-même associé le spiritisme et la pluralité des mondes et lui consacre une recension élogieuse dans la Revue Spirite. Même Napoléon III lui apporte son soutien… qui tombe à point nommé puisque Le Verrier demande à Flammarion de quitter l’Observatoire de Paris. Sans chercher à réconcilier le pluralisme et le christianisme, Flammarion n’en aborde pas moins les questions les plus épineuses, surtout celle de l’Incarnation ; écartant les solutions des incarnations multiples simultanées ou successives et celle de Terriens seuls pécheurs, il se relie à celle de Brewter : l’œuvre accomplie par le Christ sur terre apporte le salut à toutes les créatures de l’univers.

Plusieurs de ses ouvrages, sans même aller jusqu’à Lumen qui décrit le voyage d’une âme au sein du cosmos, illustrent la vision quasi religieuse de l’astronomie qui est celle de Flammarion ; dans un mélange de faits et de fantaisies, a résumé l’un de ses critiques anglais.

La croyance en la métempsycose et celle de la migration des âmes, associées à l’idée de la pluralité des mondes, ont trouvé en France d’autres défenseurs, à côté de Flammarion. André Pezzani, avec son ouvrage La Pluralité des existences de l’âme conforme à la doctrine de la pluralité des mondes dont la seconde édition paraît en 1865, prétend prendre la tête d’une véritable école, l’existence de ces mondes ayant été, selon lui, démontrée par Flammarion : il s’agit d’apporter des preuves scientifiques aux perspectives, aux prétentions spiritualistes.

Un projet auquel adhère Louis Figuier dans son livre rédigé après la mort de son jeune fils, intitulé Le Lendemain de la mort, ou la Vie future selon la science (1871) à cause de sa critique du catholicisme, l’ouvrage est mis à l’Index, l’Index liborum prohibitorum, la liste des livres interdits par l’Église catholique. Appartiennent à la même veine les deux ouvrages de Victor Girard, Nouvelles études sur la pluralité des mondes habités et sur les existences de l’âme et La Transmigration des âmes et l’évolution indéfinie de la vie au sein de l’univers, parus respectivement en 1876 et en 1888. Des idées qui ne laissent pas indifférents les pasteurs et les théologiens catholiques de France.

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