L’autre parole. Celle qui se complait à imaginer
d’autres mondes, même à les croire réels, la subjectivité que les tenants du
tout conceptuel seront très heureux de déclarer illusoire. Une autre parole,
diront-ils, mais pas une autre réalité. Au mieux, un divertissement, qu’ils
appelleront volontiers « de la poésie. » Je me refuse de penser que
la poésie, aussi troublée de mirages soit-elle, puisse être assimilée à de
l’illusoire. Il est vrai qu’elle a de la complaisance pour le rêve métaphysique,
mais au fond de ce rêve gît du réel.
Yves Bonnefoy : Le Siècle de Baudelaire
Commentaires
Enregistrer un commentaire