Faire corps avec une ville qui vous fascine mais que
l’on hait, ainsi se résume le dilemme bloyen. Car la ville et surtout sa
banlieue furent pour Bloy et les siens un purgatoire douloureux, une mortelle
nasse de misère de laquelle ils n’ont pas réussi à s’échapper véritablement.
Pour bien percevoir la chose, il est nécessaire d’égrener, entre via dolorosa
citadine et galère artiste, les différentes adresses de Bloy. Car Marchenoir
n’aura jamais de « chez soi. » À la différence d’un Huysmans, douillettement
lové dans un home d’antiquaire, ou d’un Claudel, déambulant dans son parc de
châtelain poète, Bloy ne réside pas, il s’héberge, déménage près de quinze fois
dans toute sa vie, expulsé par le manque d’argent, chassé par les noires
hantises, délogé par la destruction immobilière.
François Angelier : Bloy ou la fureur du juste
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