« Le monde infini de la connerie »

 

Qu’y a-t-il sur la page avant que je commence à écrire ? Il y a le monde infini, pardonnez-moi, le monde infini de la connerie. En quoi écrire est-il une épreuve ? C’est que vous n’écrivez pas avec rien dans la tête : vous avez beaucoup de choses dans la tête. Mais, dans la tête, d’une certaine manière, tout se vaut, à savoir ce qu’il y a de bon dans une idée et ce qu’il y a de facile, de tout fait, c’est sur le même plan. C’est seulement quand vous passez à l’acte, par l’activité d’écrire, que se fait cette bizarre sélection où vous devenez acte. Je dirais la même chose pour parler. Avant que vous parliez, il y a plein de trucs. Vous avez beau mettre au point dans votre tête, il y a l’épreuve de passer à l’acte, soit en parlant, soit en écrivant, qui est une fantastique élimination, une fantastique épuration.

Gilles Deleuze : Sur la peinture

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