Fleuve noir

En mai 1925, Renard publie le texte « Anticipations » dans Paris-Soir, dans lequel il présente, encore une fois, l’expression de manière nuancée : l’anticipation a selon lui le défaut de supposer vrai le produit de l’imagination du romancier, alors qu’il s’agit de poser des hypothèses fécondes, qui se vérifieront ou non dans l’avenir. De fait, Renard récuse une appellation que Wells a participé à diffuser dès 1901 dans une série d’articles de prospective consacrée à l’évolution de la société, laquelle lui a valu l’étiquette de prophète. Dans les années 1930, c’est sensiblement l’expression « anticipation » qui s’impose sur celles du « roman scientifique », « roman merveilleux scientifique » et même « d’hypothèse » y compris pour des œuvres appartenant à la nébuleuse merveilleuse scientifique comme La Révolte des pierres (1929) de Léon Groc ou La Grande panne (1930) de Théo Varlet. C’est d’ailleurs cette expression qui est employée par Gustave le Rouge ou encore par J.H. Rosny Aîné quand ils commentent certains de leurs romans. Il faudra attendre 1951 pour que le terme science-fiction, au singulier, comme au pluriel, fasse une apparition timide dans la critique littéraire, concurremment à la création de la collection Le Rayon fantastique par le Fleuve Noir

Fleur Hopkins-Loféron : Voir l’invisible

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