Pendant que Gogol travaillait aux Âmes mortes,
d’après son propre aveu, il ne pouvait ressentir aucun amour pour son travail.
« Au contraire, j’éprouvais comme de la répulsion… tout me venait d’une
façon tendue, par force. » Le peintre du Portrait finit par fuir
son œuvre ; de même, Gogol fuit le Revizor. « Je voudrais
m’enfuir maintenant, Dieu sait où. Il n’y a que la perspective du voyage, le
paquebot, la mer et des cieux différents, lointains, qui puissent me
rafraîchir. J’en ai une soif, Dieu sait ! » Et Gogol a fini les Âmes
mortes tout comme le Revizor en s’en allant vagabonder de Paris à
Jérusalem. Le Portrait ne fut pas achevé par le peintre de la nouvelle
et les Âmes mortes, ainsi que le Revizor, sont « sans
fin. » Le Peintre se fait moine. Et le rêve de Gogol durant toute la
seconde partie de sa vie, fut de renoncer complètement au monde, d’entrer dans
les ordres.
Dimitri Merejkovski : Gogol et le Diable
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