Source : Voir l’invisible, histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique (1909-1930) par Fleur Hopkins-Loféron, éditions Champ Vallon, collection Détours, recommandé par Neûre aguèce
Le substantif « microbe » n’apparaît qu’en
1878 sous la plume du chirurgien Claude Sédillot, mais se diffuse rapidement
dans le vocabulaire des Français. Le show des Invisibles, venu tout droit de
Vienne, grâce à M. Bauer, semble n’avoir jamais été commenté à ce jour.
Dans ce spectacle à succès, qui connaît plus de cent
représentations, différents objets, matières, éléments organiques et êtres
vivants sont agrandis, puis projetés à l’aide d’un microscope-géant électrique
sur une toile blanche. Le programme, diffusé par L’Orchestre, nous apprend que
le spectacle était divisé en quatre parties. La première présente le monde
végétal, la seconde celui des insectes et des parasites, le troisième celui des
pierres et autres matière et, enfin, la quatrième celui des pierres précieuses.
Les projections de diamants et la fontaine lumineuse sont ajoutées en janvier
1884, ce qui signifie que les microbes représentaient initialement le clou du
spectacle.
Le microbe, quand il est domestiqué, permet de
fabriquer des hommes augmentés. Dans Tréponèmes (1931) du docteur Lucien
Alcime Marceron (1892-1966), écrivant sous le pseudonyme de Marc La Marche, le
microbe du tréponème pâle est prélevé sur des patients paralysés afin de créer
des drogues capables d’augmenter leur intelligence. D’autres craignent que
cette culture de microbes ne bascule dans la création de maladies de
laboratoire. On ne compte plus, après la Première Guerre mondiale, les récits
sur les guerres bactériologiques, reconnaissables à leurs couvertures montrant
un savant penché sur des cornues.
Dans La Guerre microbienne (1923), par exemple, le Professeur Motus imagine que le biologiste allemand Von Brück lance sur des populations ennemies un virus mortels du nom de virus 246. Il utilise pour ce faire une boule de verre chargée de virus qui provoque, inévitablement, la fin de l’humanité puisque le microbe voyage par-delà les frontières.
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