Des centaines de mailles s’embrouillent pour mieux
tromper et mentir : on n’est au courant de rien et on fait
diversion ; on n’a rien fait et c’est l’autre qui est coupable ; il
n’est rien arrivé mais c’est l’autre qui l’a fait ; on accuse celui qui
dit la vérité d’un mensonge qu’on n’arrive plus à cacher. Ce n’est
répréhensible que si l’autre le fait. C’est ainsi qu’à la centrale
téléphonique, on peut écouter des conversations téléphoniques tout en déplorant
dans le journal « ce scandale des écoutes » ; on peut
dire que « mettre le feu en restant bien caché est un meurtre lâche et
vulgaire » tout en le faisant soi-même. Ce que tu ne veux pas qu’on te
fasse, fais semblant qu’on te le fait et inflige-le à d’autres.
Karl Kraus : Troisième nuit de Walpurgis
Commentaires
Enregistrer un commentaire