« Innocence persécutrice »

 

La seule chose qui compte réellement est au fond de pouvoir se convaincre et de convaincre le monde que, même si on utilise des moyens qui sont inhumains, ils le sont en tout cas moins que ceux de l’adversaire, et que, si l’on y recourt effectivement, on ne le fait que contraint et forcé, en réponse à l’inhumanité qui se manifeste dans sa façon à lui de faire la guerre. On trouve chez Benjamin Constant une sorte d’anticipation de l’idée de l’innocence persécutrice. Puisque les guerres de conquêtes, au moins entre nations commerçantes et civilisées comme le sont les nations occidentales, sont devenues un anachronisme et une absurdité, un État qui voudrait se lancer dans une entreprise de cette sorte serait incapable d’en donner une justification sérieuse et par conséquent obligé de mentir effrontément sur ses objectifs et ses méthodes…

Jacques Bouveresse : Les premiers jours de l’inhumanité

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