Le propre des jeunes gens comme Gerda et ses amis et de
raisonner toujours en termes de choses qui devraient être, plutôt que de
possibilités. Ils ne veulent agir qu’en fonction d’un but, d’un idéal, d’un
programme, d’un absolu. Et ce qu’Ulrich essaie de leur rappeler est l’existence
d’un principe de réalité qui se confirme invariablement dans toutes les
situations de cette sorte, à savoir que ce que l’on peut espérer obtenir n’est
jamais qu’un compromis et une moyenne, ce qui fait que l’on devrait
probablement se sentir un peu ridicule de poursuivre et de chercher à réaliser
des desseins extrêmes, en sachant d’avance qu’ils n’aboutiront qu’à des
résultats médiocres.
Robert Musil : L’homme sans qualités
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