Plus je vieillis, plus souvent je me surprends à avoir
détesté des choses qui ont retrouvé plus tard, par un détour, l’orientation de
ma démarche propre, de sorte que, tout à coup, je ne puis plus leur refuser une
raison d’être. Ou bien je découvre les dommages subis par les idées, les
événements pour lesquels je m’étais enthousiasmé. Ainsi, sur des distances plus
longues, il semble tout à fait indifférent qu’on s’enthousiasme ou non, et
qu’on ait engagé son enthousiasme dans un sens ou dans l’autre. Tout aboutit au
même but, tout sert à une évolution infaillible et parfaitement opaque.
Robert Musil : L’Homme sans qualités
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