Jonas met l’accent sur l’angoisse et même la « terreur
cosmique » de cette condition humaine étrangère, plutôt que sur le bonheur
du gnostique à qui son authentique nature est révélée, c’est-à-dire sur le
sentiment de libération qui résulte de la connaissance de la nature divine. En
effet, la situation existentielle, fine pointe du gnosticisme, réside dans le
sentiment que cette source de sa propre force secrète n’est pas reconnue par le
monde alentour. Le principe unique est la prise de conscience de l’étrangeté du
monde qui se développe en haine du monde. Ainsi, l’homme se trouve au monde
sans en être. Jonas ne se départira jamais de cette interprétation. En 1986, il
écrit : « À travers le gnosticisme se signalait en fait une existence
oppressée, angoissée par sa propre énigme et inquiète d’y répondre. »
Nathalie Frogneux : Préface à La Gnose et l’esprit de l’Antiquité tardive, de Hans Jonas
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