NéO

 

Il faut vous défier de ces coins-là, ce sont d’effroyables anonymes, des visages qui abritent un néant où sombrent tous les crimes. Chacun pense à l’énorme désespérance qui y pousse les autres, car chacun a suivi sous la pluie cette forme fantomale courbée et lasse qu’était sa Destinée. Mais on ne dit rien : quand on est chez Jarvis, on ne connaît plus que Jarvis, Fu-Mang, le whisky et sa propre misère, je vous le répète. Ainsi fuient les jours, les semaines, peut-être les mois, dans une attente formidable.

Laquelle ? Est-ce qu’on sait ?

Jean Ray : La Croisière des ombres

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