Artistiquement, Genet s’était enfermé dans une
impasse : « Tout écrivain authentique découvre non seulement un style
nouveau, mais une composition du récit qui n’est qu’à lui-même et que,
généralement, il épuise, dont il tire à lui seul tous les effets », notera-t-il
une vingtaine d’années plus tard. Dans ses quatre romans autobiographiques, il
avait non seulement épuisé son matériau mais aussi pleinement exploité sa
méthode d’organisation par montage et son style consistant à mélanger
descriptions poétiques et dialogues argotiques, mythes et sociologies.
Mécontent des productions parisiennes et à la mode des Bonnes et d’Adame
Miroir, il annonça en 1950 qu’il renonçait au
théâtre : « C’était de la pure vanité, voir mes pièces jouées
sur scènes. Écrire des pièces est une vaste plaisanterie. » En 1949,
Gallimard entreprit de le publier officiellement. Ses œuvres complètes furent
annoncées et Sartre accepta d’écrire une préface. Canonisé, gracié, consacré et
assimilé, Genet n’était plus le fléau de la société, mais sa mascotte.
Edmund White : Jean Genet
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