Source : La Notion gnostique du Démiurge dans les Écritures et les traditions judéo-chrétiennes, par Robert Ambelain, éditions Bussière, la Diffusion Scientifique, relecture en cours, 2016-2023
Dans le « Dictionnaire de la Théologie
catholique », (tome 1, colonne 257, Paris 1928) nous lisons ceci :
« Peut-être ne prend-on pas d’ordinaire, assez garde à cette antithèse
paulinienne où la Loi, domaine des Anges, s’oppose à l’Evangile, œuvre du
Christ. » Car il est bien évident que si l’on se reporte à certaines phrases
des épîtres du grand Apôtre, on ne peut manquer d’en tirer certaines
conclusions :
« Ce n’est pas à des Anges qu’Il (Dieu) a remis le
gouvernement de ce Monde à venir dont nous parlons » (Paul, Épître aux
Hébreux, II, 5) Ce qui tend à souligner le fait que ce Monde-ci leur est
soumis, mais de quels Anges s’agit-il ? Des mauvais Anges, très
certainement, et effectivement saint Augustin le confirme : « La
partie inférieure du Monde, celle que nous habitons, a été soumise aux Anges
prévaricateurs par la Loi de la Divine Providence, à laquelle est dû l’ordre
magnifique des choses. » (Saint Augustin : De Doctrina Christiana,
II, 25)
Il semble bien d’ailleurs que cette loi, dictée par des
Anges soumis à un Médiateur, comme le souligne à plusieurs reprises Saint Paul,
soit parfois mêlée d’énigmatiques objurgations, tel ce verset :
« Maudit soit celui qui est pendu au bois. Tu ne laisseras point son corps
accroché au gibet passé le coucher solaire, afin de ne pas souiller la terre
que Je te donnerai en héritage. » (Deutéronome, XXI, 23)
Il faut bien reconnaître que ce passage rend un son
étrange. En quoi la terre sera-t-elle plus souillée par cette exposition d’un
cadavre après le coucher du soleil qu’avant ? Car il est à noter que le
Pendu auquel fait allusion ce verset est celui qui, condamné à la lapidation,
ou à la strangulation pour blasphème, sorcellerie, ou idolâtrie, était ensuite
pendu par les mains à un poteau : la crucifixion est un supplice romain,
non un mode d’exécution judaïque. Or, ce sont là les crimes reprochés plus tard
au Christ par le Sanhédrin, et le Christ sera lui aussi pendu par les mains, et
soigneusement descendu du gibet avant la nuit.
Faut-il voir là, de la part du mystérieux et ambigu Médiateur du Sinaï, une sorte de révolte, intuitive, contre Celui qui, bien des siècles plus tard, le dépouillera peu à peu de son empire terrestre ? Car enfin, il y a quelque chose de choquant en cette phrase qui est presque sacrilège, à l’égard d’une image, incontestablement préexistante, de l’Instrument de Salut par excellence : la Croix. N’oublions pas que la Croix sera, sous le nom de Storos, le Pieu, le nom d’un des Éons de la gnose traditionnelle, notamment dans le système de Valentin.
[Note pour Happy few: Le Pendu, dans Domino, c'est l'Arcane de Celui que nous attendons et dont le nombre est 12... le tour du cadran du Galger]
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