Genet exaspéra la plupart des lecteurs français de
l’époque en faisant dans Pompes funèbres l’éloge constant des hommes de
la Milice française, traîtres qui avaient abjuré toute fidélité envers leur
pays (« J’étais heureux de voir la France terrorisée par des enfants en
armes, mais je l’étais bien plus quand ces enfants étaient des voleurs, des
gouapes. ») La Milice, dit-il, « était au point idéal où le
voleur et le policier se rencontrent. »
Dans une page supprimée du Journal du voleur,
Genet dit à un autre détenu, à propos du sort des résistants bourgeois déportés
à Dachau : « Songe au bonheur que j’ai de voir ces types qui se
foutaient de ma gueule quand j’étais derrière des murailles de trois mètres
d’épaisseur, à la merci d’un gaffe idiot, criblés de balles, décharnés, au
milieu des barbelés. » Dans un autre passage coupé, Genet prétend ne
voir aucune différence réelle entre l’incarcération qu’il avait subie en France
et les camps allemands : ce n’étaient que deux feuilles de la même plante.
Edmund White : Jean Genet
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