Archonte

 

Source : La Notion gnostique du Démiurge dans les Écritures et les traditions judéo-chrétiennes, par Robert Ambelain, éditions Bussière, la Diffusion Scientifique, relecture en cours, 2016-2023

Satan a pris de Lucifer tout ce que celui-ci, dans la moindre fraction de lui-même, rejetait de son conscient dans son inconscient. Tous les désirs les plus inavoués, les perversions les plus criminelles, Satan, émanation de Lucifer, les a hypostasiés en lui, et les a ensuite manifestés dans le concret.

Il est possible que Lucifer ait émané Satan par une sorte d’orgueilleuse imitation du Père émanant le Fils, un peu comme le docteur Jekyll extériorisait le mauvais dissimulé en lui-même dans la personne nouvelle de M. Hyde. Mais, on ne saurait en tout cas considérer cela comme une condition réelle, consciente, d’un être absolument distinct.

Lucifer, extériorisant Satan, ne fait qu’objectiver le Mal qu’il porte en lui. En réalité, nous nous trouvons devant un cas de dédoublement de la personnalité de l’Archonte, et non devant une création au sens absolu du mot. La théorie taoïste des deux âmes humaines, la bonne et la mauvaise, compénétrées durant la vie, mais séparées lors de la mort, en donne une idée.

Quant au « véhicule » psychique qui a hypostasié la fraction la plus ténébreuse du Démiurge, la logique gnostique nous dira que c’est sans doute l’Ange ontologiquement le plus enténébré, qui, de tous ceux qui participèrent à la Révolte initiale, le devint inévitablement.

Ainsi, face à l’Unité divine, le Rebelle initial ne peut que se constituer en Dualité.

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