Jusqu’au bout, il est un reproche vivant : vous
avez trahi le lien du peuple à ses dirigeants, vous avez fait taire la poésie,
dans le pays qui pouvait le mieux chanter la révolution. Dans ce wagon qui
l’emporte en Sibérie, dans ce camp où il laisse ses dernières forces, il y a
très peu d’hommes de culture. On les a fait taire, on les a tués, on leur a
enlevé leur âme, afin de ne plus corrompre ce peuple rendu forcément docile par
les privations, la propagande et surtout, la dénonciation du voisin. On a tout
fait pour que Mandelstam perde un public, qu’il aurait pu sauver, exalter, ou,
plus modestement, et démocratiquement, dire.
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