Le daïmon grec est le gardien vigilant de notre
vie et ainsi supérieur à l’homme, alors que, dans son acception chrétienne, la
hiérarchie s’inverse et il devient une authentique force du mal. Jonas défend
donc une thèse opposée à celle de l’hérésiologie : le gnosticisme est un
large mouvement dont le christianisme était au départ un cas particulier
marginal, mais qui s’est rapidement détaché du contexte par la mise en place
d’une nouvelle conception du monde et de l’homme. En revanche, un point de
divergence essentiel, aux yeux de Jonas, entre le christianisme et le
gnosticisme est l’identité de Dieu, du créateur et du messager. En refusant
résolument le dithéisme gnostique et la conception d’un créateur ignorant, le
christianisme poursuivait un objectif éthique bien plus que métaphysique… C’est
sur ce point que la pistis et la gnosis se séparent : en
effet, sur le plan théologique, le Dieu créateur est aussi sauveur et peut
ainsi procurer la grâce, mais sur le plan existentiel, l’existence humaine est
livrée à elle-même et réduite à l’impuissance.
Mikhaïl Vroubel : Le Démon terrassé
Nathalie Frogneux : Préface à La Gnose et l’esprit
de l’Antiquité tardive, de Hans Jonas
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