L’attitude révolutionnaire [gnostique] n’a pas le monde
pour objectif : il ne s’agit pour elle ni de s’opposer, ni de promouvoir un
ordre social de domination et on pourrait même la dire
« réactionnaire » dans la mesure où, par son renoncement résolu au monde,
elle persuade plutôt les hommes d’abandonner toute prétention à un changement
et à une amélioration de leur condition. Si on comprend en revanche par
« révolutionnaire » en général ou par analogie, une attitude qui, à
partir d’une nouvelle compréhension, jette hors de ses gonds un ordre du monde
traditionnel contre lequel elle s’insurge et le remplace par un autre tout
aussi total qui le restaure d’une manière tout aussi englobante, c’est-à-dire
au niveau ontologique, qu’elle nie, alors la gnose est éminemment
révolutionnaire, et c’est dans ce sens que nous voulons la nommer telle ici.
Hans Jonas : La Gnose et l’esprit tardif de l’Antiquité
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