Le siècle, entre 1917 et 1980, s’est proposé de créer
de l’indestructible. Pourquoi cette aspiration ? Parce que
l’indestructibilité, la non-finitude, est le stigmate du réel. Pour créer de
l’indestructible, il faut beaucoup détruire. C’est ce que tout particulièrement
savaient les sculpteurs, qui détruisent la pierre pour que, par ses vides, elle
éternise une idée. Le réel, c’est l’impossible à détruire, ce qui toujours, et
pour toujours, résiste. On ne fait œuvre que si on a le sentiment de se mesurer
à cette résistance. Siècle des résistants et des épopées, destructeur sans
remords, le siècle aura voulu s’égaler dans ses œuvres au réel dont il avait la
passion.
Alain Badiou : Le Siècle
Commentaires
Enregistrer un commentaire