Ces écrivains-là, je leur interdirais de contracter un
mariage et d’avoir des enfants… L’écrivaillerie est une race à la peau qui pue,
aux recettes de cuisine les plus sales, une race apatride qui dort dans son
vomi, chassée de partout, mais toujours et en tout lieu proche du pouvoir qui
lui donne invariablement une place dans son bordel car la littérature, en tout
lieu et en tout temps, n’a qu’une fonction : aider les chefs à garder
leurs troupes dans son état de sujétion, aider les juges à liquider les
condamnés… Je n’ai pas de manuscrits, pas de bloc-notes, je n’ai pas
d’archives. Je n’ai pas d’écriture pour la simple raison que je n’écris jamais.
Je suis le seul en Russie qui travaille à la voix quand cette saloperie de
meute en rage autour de moi, écrit, écrit. Un écrivain, moi ? Hors de ma
vue, crétins !
Ossip Mandelstam : La quatrième prose
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