Dans quelques-uns des poèmes qui s’ajoutent aux Fleurs
du mal pour la deuxième édition de 1861 — quel qu’en soit le thème, du Voyage
et du Cygne aux Sept vieillards et aux Petites Vieilles — on ressent un changement de pression. Le
manomètre monte jusqu’au dernier cran avant l’intolérable. Il n’y avait qu’une
seule direction : aller quelques pas plus loin vers
« l’atroce. » Baudelaire y faisait allusion avec une ironie
impassible : « Je tâche de faire comme Nicolet, de plus en plus
atroce. » Nicolet était un homme de théâtre qui cherchait à attirer le
public par l’originalité accrue de ses excès. De là le mot : « De
plus en plus fort, comme chez Nicolet. » Un élan continu… mais pour finir
où ? Baudelaire ne manqua pas de le préciser, en écrivant à son éditeur
Poulet-Malassis : « Nouvelles Fleurs du mal faites. À tout
casser, comme une explosion de gaz chez un vitrier. »
Roberto Calasso : La Folie Baudelaire
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