En fait, l’équation morale qui identifie au Mal
« l’impensable » nazi (ou stalinien) est une théologie faible. Car
nous héritons d’une longue histoire, celle de l’identification théologique du
Mal au non-être. Si en effet le Mal est, s’il y a une positivité ontologique du
Mal, il s’ensuit que Dieu est le créateur, et donc le responsable. Pour
innocenter Dieu, il faut dénier tout être au Mal. Ceux qui affirment que le
nazisme n’est pas une pensée, ou qu’il n’est pas, contrairement à leur
« démocratie », une politique, ne veulent qu’innocenter la pensée, ou
la politique, c’est-à-dire camoufler l’apparentement secret et profond entre le
réel politique du nazisme et ce qu’ils prétendent être l’innocence
démocratique.
Alain Badiou : Le Siècle
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