Genet rejettera l’idée que la littérature homosexuelle doit être un appel à la tolérance ou une attribution rationnelle de responsabilité. Il préférera présenter l’homosexualité comme entièrement mauvaise, comme un élément d’un trio de « vertus » dont les deux
autres seraient le vol et la trahison. Idéologiquement, Genet ira beaucoup plus
loin que ses devanciers ; Notre-Dame-des-Fleurs est plus détaillé,
plus interpellant, plus proche de la confession qu’aucune de ses tentatives de
ses aînés pour décrire l’homosexualité, et contrairement à celles-ci, ne se
montre ni « scientifique », ni apologétique. Rien n’était plus
éloigné du propos de Genet que de présenter une « défense » de
l’homosexualité, médicale, juridique ou religieuse. Ses criminels confessent
leurs forfaits et s’accusent : son narrateur invoque le diable et non
Dieu ; ses travestis ne font pas de confessions au lecteur, supposé
bourgeois et hétérosexuel. Genet l’apostrophe constamment et ne cache pas qu’il
le voit profondément conventionnel : « Je décidai de vivre tête
baissée, et de poursuivre mon destin dans le sens de la nuit, à l’inverse de
vous-même, et d’exploiter l’envers de votre beauté. »
Edmund White : Jean Genet
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