« Dictateur de la mode »

 

Brummel est le dictateur des clubs, dictateur de la mode. Aucune réception n’est complète sans lui. Comme celui de Napoléon, son règne est jugé despotique. Pour régner sur la noblesse, alors qu’il n’avait aucun titre, Brummel avait compris qu’il devait être redoutable, comme Sylla, et qu’il devait être craint. Brummel répand donc la crainte dans laquelle réside, selon Monesquieu, le principe du gouvernement despotique. Le despotisme de Brummel s’exprime par son costume, d’une « terrifiante » simplicité, par un chic sans critère, une supériorité insolente qu’il ne daigne pas expliquer. Roturier et conscient de cette infériorité, Brummel s’impose à l’aristocratie. Dans cette mesure, sa démarche s’apparente à celle d’un aventurier, dépourvu des privilèges qui facilitent la domination. Comme Napoléon, Brummel a la dimension d’un despote, du parvenu, conspirant contre l’aristocratie en place. Le temps attendait un maître, qui lui dictât ses choix, et entreprit de renouveler l’horizon mondain.

Françoise Coblence : Le Dandysme

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