Alibi 3

 

Sans doute, depuis Propaganda, ou « comment manipuler l’opinion en démocratie, le fameux essai d’Edward Bernays, paru en 1928, n’est-il pas de jour que l’affinement continuel des techniques de marketing et de management n’accroisse les possibilités de manipuler opinions et comportements. Mais le changement est que, depuis quelques années, ce sont des artistes-entrepreneurs, galeristes rabatteurs, critiques d’art promoteurs, et commissaires prescripteurs qui travaillent dans le même sens. Et dans cette perspective, l’incontestable supériorité d’un certain art contemporain est d’être devenu l’alibi culturel prétendument libérateur, pour faire l’impasse sur toute notion de beauté et de laideur, et, par là même, provoquer une anesthésie sensible se développant avec une indifférence logique susceptible d’effacer jusqu’à la moindre velléité de s’opposer à quoi que ce soit.

Annie le Brun : Ce qui n’a pas de prix

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