J’ai rêvé que j’étais en prison, une prison aux pierres
de taille lignées comme la Bastille dans un décor de l’Ambigu. Et le curieux,
le voici : j’étais emprisonné simplement pour écrire La Fille Élisa
et cela sans qu’il eût paru, sans qu’il fût plus avancé qu’il ne l’est en ce
moment. On conçoit ma fureur intérieure du procédé gouvernemental, cette fureur,
dans mon rêve, de ce que je me trouvai mêlé dans une grande salle à des
confrères, tondus comme des guillotinés, aux mains exsangues et esthétisant
prétentieusement le monocle dans l’œil, des confrères correctement sinistres
comme des Baudelaire et comme mon avocat.
Edmond et Jules de Goncourt : journal octobre 1876
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