Source : La valeur d’usage de D.A.F. de Sade [décembre 1929-janvier 1930] par Georges Bataille, postface de Mathilde Girard, éditions Lignes.
L’activité sexuelle, pervertie ou non, l’attitude d’un sexe devant l’autre, la défécation, la miction, la mort et le culte des cadavres (principalement en tant que décomposition puante des corps), les différents tabous, l’anthropophagie rituelle, les sacrifices d’animaux-dieux, l’omophagie, le rire d’exclusion, les sanglots (qui ont, en général, la mort pour objet), l’extase religieuse, l’attitude identique à l’égard de la merde, des dieux et des cadavres, la terreur si souvent accompagnée de défécation involontaire, l’habitude de rendre les femmes à la fois brillantes et lubriques avec des fards, des pierreries et des bijoux rutilants, le jeu, la dépense sans frein et certains usages fantastiques de la monnaie, présentent ensemble un caractère commun en ce sens que l’objet de l’activité (excréments, parties honteuses, cadavres, etc) se trouve chaque fois traité comme un corps étranger (das ganz Anderes) c’est-à-dire qu’il peut aussi bien être expulsé à la suite d’une rupture brutale que réabsorbé dans le désir de se mettre entièrement le corps et l’esprit dans un état d’expulsion (de projection) plus ou moins violent. La notion de corps étranger (hétérogène) permet de marquer l’identité élémentaire subjective des excréments (spermes, menstrues, urine, matière fécale) et de tout ce qui a pu être regardé comme sacré, divin ou merveilleux : un cadavre à demi décomposé errant la nuit dans un linceul lumineux pouvant être donné comme caractéristique de cette unité.
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