Sans aucun doute, il subodorait les
charognes qui devaient encombrer sa voie et dont l’haleine faillit asphyxier
les trois cents lions qu’il portait en lui. Comment n’aurait-il pas eu la
vision de cet avenir infernal qu’on est bien forcé de supposer assorti à ses facultés
de gladiateur ? Car je ne sais aucun homme que sa nature ait autant
désigné que lui aux couleuvres noires et aux vexations carabinées. Les
infortunés moins élus le devraient bénir puisqu’il fut et qu’il est encore le
paratonnerre isolé qui soutire tous les tonnerres. Le miracle est offert, par
lui, depuis vingt ans, d’un blasphémateur de la Racaille, absolument invincible
et toujours sur ses étriers, malgré le tourbillon des crapules et le cyclone
des pusillanimes.
Léon Bloy : Histoires désobligeantes
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