Gâcheur cosmique

 

L’échec de la narration, l’impossibilité de construire une « histoire qui tienne la route » est le signe d’un échec social bien plus fondamental.

Le premier signe de cet échec repose tout simplement sur la rupture du pacte de lecture avec le spectateur. Le principe ontologique de Matrix, première partie, est celui, purement et simplement du réalisme : nous avons la « vraie réalité » et l’univers virtuel de la Matrice, lequel peut être entièrement expliqué à partir de ce qui s’est passé dans la réalité. Revolutions brise ces règles : dans cette troisième partie, les pouvoirs « magiques » de Néo et de Smith s’étendent à la « vraie réalité » elle-même où Néo peut arrêter les balles, etc.

Cela ne ressemble-t-il pas à un roman policier qui, après avoir construit une série d’indices complexes, transposerait la solution du meurtrier doué de capacités magiques ayant commis son crime en violant toutes les lois de la réalité ? Le lecteur se sentirait dupé et c’est exactement ce même sentiment que l’on ressent avec Revolutions où la tonalité dominante est celle de la foi et pas du savoir.

Slavoj Žižek : La subjectivité à venir

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