« Es reitet so spät durch nacht und wind »

 

Dürer est mon prophète. Plus je contemple le défilé des siècles, plus je me persuade que l’unique image susceptible d’en révéler le sens est celle des Cavaliers de l’Apocalypse. Les temps n’avancent qu’en piétinant, qu’en écrasant les foules ; les faibles périront, non moins que les forts, et même ces cavaliers, sauf un. C’est pour lui, pour sa terrible renommée, qu’ont pâti et hurlé les âges. Je le vois grandir à l’horizon, je perçois déjà nos gémissements, j’entends même nos cris. Et la nuit qui descendra dans nos os n’y apportera pas la paix, comme elle le fit au Psalmiste, mais l’épouvante.

E. M. Cioran : Histoire et utopie

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