Puisque nous sommes des bulles, c’est-à-dire des êtres
inconstants et inconsistants qui n’avons en nous-mêmes aucun principe fixe
d’existence et qui sommes livrés à tous les vents, abandonnons-nous à tous les
vents, car ils viennent tous du Seigneur, et il nous faut aller là où ils nous
poussent. C’est la doctrine de l’abandon quiétiste au moyen des deux autres
figures symboliques, non moins circulaires que la bulle : le
symbole de la girouette et celui du ballon. Ballon roulant dans tous les sens,
mais sous l’impulsion divine, girouette tournant aux quatre coins du ciel, mais
dont le pivot est fixé en Dieu, l’âme quiétiste est une rondeur mobile, dont la
circularité ne signifie aucune perfection propre, mais simplement la capacité
d’aller dans quelque direction que Dieu la pousse avec la moindre résistance et
la plus grande docilité. Elle est ronde aussi parce qu’elle a un centre. La
mobilité de son mouvement giratoire se troue en relation constante avec un
point fixe qui est Dieu. Dieu est à la fois le centre de toute âme et la sphère
qui enveloppe les sphères de toutes les âmes : centre infini, sphère
infinie.
Georges Poulet : Les Métamorphoses du cercle
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