Source : Sans feu ni lieu, signification biblique de la Grande ville par Jacques Ellul, éditions de la Table ronde, collection La Petite vermillon.
En présence du « problème urbain » il y a des
sociologues et des juristes, il y a des urbanistes et des politiques, il y a
des humanistes et des révolutionnaires, et tous cherchent plus ou moins une
solution légaliste à la multitude des questions inhumaines que soulève la
ville.
On veut des solutions. Solution de l’habitat, de
l’hygiène, de la dispersion des moyens de transport, des blocs Le Corbusier, de
la psychologie de masse, des loisirs ; il nous faut une loi pour savoir ce
qu’il faut faire, et comment le faire.
Et pendant que l’on cherche, lentement, le vampire
continue, appelle le sang frais, et des hommes par fournées entrent dans le
domaine de la malédiction. Ils travaillent, ils mènent cette vie inhumaine et
inchangeable, implacablement, leur vie, sans ouverture autre que celle du cimetière.
Hommes innocents de toute l’inconscience du monde, qui sont dans la malédiction
et qui l’éprouvent et qui souffrent, et qui continuent, parce qu’à quoi bon
faire autrement, c’est partout pareil.
Et les autres cherchent des solutions, très loin de ceux qui souffrent et des solutions impossibles pour ceux-là mêmes qui souffrent et des solutions impossibles pour ceux-là mêmes qui souffrent, mais on espère pour leurs petits-enfants… et l’étoile brillante, l’étoile Absinthe, continue son œuvre, imperturbable, se servant aussi bien des magnifiques avenues des urbanistes, des jardins d’enfants, des loisirs assurés, des logements ouvriers, du métro et du tout-à-l’égout, que des taudis et de la tuberculose, formant le milieu de la perversion de l’homme.
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