Le destin est le terme le plus approprié pour traduire
ce qu’il y a d’impondérable et de compact dans le cours des choses :
« L’histoire réelle est lourde de destin mais sans loi. On peut pressentir
l’avenir et il y a des yeux qui en sondent les mystères profonds, mais on ne
peut le calculer. » Ce n’est que par le tact physionomique que nous avons
une chance de pénétrer le destin. En d’autres termes, on ne peut saisir ce qui relève
du destin que par les symboles qui désignent un sens sans l’emprisonner dans
des concepts ou des lois. « La causalité, c’est le rationnel, la loi,
l’exprimable, la marque de notre être éveillé intellectuel tout entier. Le
destin est le nom d’une certitude intérieure qu’on ne doit pas décrire »
et Spengler ajoute que la causalité « demande une discrimination, donc une
destruction » tandis que le destin est de l’ordre de la « création, d’où
la relation du destin avec la vie, de la causalité avec la mort. » Des
notions comme celles de sort ou de vocation n’ont rien de spatial, elles
appartiennent au temps dont le destin est le maître.
Julien Freund : La Décadence — Oswald Spengler
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