Source : L’Apocalypse, architecture en mouvement par Jacques Ellul, éditions Desclée de Brouwer, collection L’Athéisme interroge, dirigée par Claude Bruaire, relecture en cours
Quand nous avons dit tout cela, et bien plus, nous
pouvons affirmer que, certes, tout est de l’homme, mais finalement, nous savons
bien que jamais aucun homme ne décide. Ce n’est jamais un homme qui veut la
guerre clairement, consciemment et qui décide. Ni un groupe d’hommes, ni une
société. Tout est de l’homme, mais tout lui échappe en ce domaine. Se réfugier
dans l’inconscient, le subconscient ou la psychologie collective ne résout rien
de plus. En réalité, nous retrouvons toujours « la guerre de Troie n’aura
pas lieu », la plus admirable démonstration qui ait jamais été faite de ce
processus où les hommes qui veulent à tout prix empêcher la guerre deviennent,
par le jeu des circonstances, mais comment n’en sont-ils pas rigoureusement
maîtres ?, les facteurs mêmes de la déclaration de cette guerre.
Je ne dis pas qu’il y a un Mars et un Bellone qui se
servent des hommes comme de pions sur un échiquier et qui les manipulent sans
que la volonté de ces hommes ait la moindre part à l’action, mais tout ce passe
comme si l’on se trouvait en effet en face d’une détermination supérieure,
d’une force irrésistible, et à la limite d’une espèce de polarisation ou
d’intention provocatrice. Tout se passe comme si… Quel que soit l’avancement de
la connaissance en économie, en politique, en médecine, il reste une part de
commensurable, d’explicable, et je ne dis pas seulement de momentanément
inexpliqué, une marge dans laquelle s’inscrit l’intervention d’autre chose, que
nous discernons assez vite comme indépendant de l’homme…
Alors qu’on l’ait personnalisé en Bellone ou en cavalier rouge, cela se comprend sans le moins du monde à s’attacher à l’existence réelle d’un tel personnage. Tout se passe comme si… Il y a toutes les motivations humaines et une sorte étrange de Transhumain qui se dévoile. Aucun homme n’y peut plus rien quand cet Eros ou ce Thanatos semblent présents. Tout se passe comme si… Et rien de plus.
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