Source : Cyberpunk’s not Dead, laboratoire d’un futur entre technocapitalisme et posthumanité par Yannick Rumpala.
Câblé contient de longues
descriptions s’attardant sur les fonctionnements mécaniques des véhicules, et
notamment du « panzer » de Cowboy. Les récits du cyberpunk semblent
davantage intéressés par les relations avec les machines, et, plus spécialement
encore, par les interfaces avec elles.
Nombreux sont les commentateurs qui, comme Veronica Hollinger, ont fait de cet accent mis sur les « interactions potentielles entre l’humain et la technologie », une caractéristique centrale du cyberpunk en tant que genre. Toutefois, celui-ci a une tonalité différente par rapport à la science-fiction publiée auparavant. La présence de la technologie se révèle moins grandiose, mais plus diffuse. Pour les auteurs de ce courant, cette pénétration généralisée était même un postulat, affiché par exemple par Bruce Sterling, en préface à Mozart en verres miroirs :
« Pour
les cyberpunks, contraste ô combien violent, la technologie est viscérale. Elle
n’a rien à voir avec la magie en flacon de quelques lointains grands
chercheurs : elle est envahissante, nous touche au plus intime. Non point
en dehors de nous, mais à côté de nous. Sous notre peau ; et souvent, à
l’intérieur de notre esprit. »
De manière plus analytique, Istvan Cscicsery-Ronay
estimait que cette science-fiction n’était plus dans le registre de l’expansion
mais de l’implosion : « La SF expansive était assise sur des
analogies historiques faites de colonialisme et de darwinisme social, de luttes
de pouvoir de l’ancien contre le nouveau, de l’ancien contre le scientifique.
Les topoi de la SF implosive sont basés sur des analogies de l’intrusion
et de la transformation du corps par des entités étrangères de notre propre
fabrication. La science-fiction implosive trouve la scène de la problématique
de SF non pas dans les aventures impériales parmi les étoiles, mais dans le
corps physique, corps social et une ambivalence appuyée à propos de l’intégrité
traditionnelle, et terriblement incertaine, du corps. »
Autrement dit, il ne s’agit plus d’histoires et d’explorations à une échelle galactique, telles celles qui avaient pu dominer les décennies précédentes, mais d’un retour vers le tangible et les tréfonds personnels de l’existence, absorbés dans une espèce de grand bain technologique. »
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