Monstre sacré

 

Bernanos n’aimait pas la littérature et il ne pensait qu’à ça. Ce sensuel caché se gaussait des émotions esthétiques qui font garder le lit comme à Combray. À Frédéric Lefèvre qui, dans Les Nouvelles littéraires de 1926, lui demandait son avis sur À la recherche du temps perdu, il répondit tout de go que « Proust n’aillait nulle part. » On peut penser que Bernanos avait pu lire À l’ombre des jeunes filles en fleurs à la parution en 1919. Proust est mort en 1922. Sous le soleil de Satan a paru en 1926. Joyce était en plein dans Ulysse et l’on s’écharpait à la terrasse du Dôme entre surréalistes. Sur la photographie générale de ces années fabuleuses, on ne voit pas Bernanos. Il n’est pas soluble dans le « milieu littéraire » : c’est un monstre à part.

Michel Crépu : Celui qui s’occupe de Satan


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