Cet art de la préparation de pièces anatomiques, art
hybride, entre la sculpture et la médecine, exigeait une grande précision. Pour
pratiquer les injections d’abord, puis pour réaliser toute une série
d’opérations afin de garder les pièces sèches. Cela commençait, d’après les
indications fournies par Jean-Joseph Sue le père, par les imbiber
d’esprit-de-vin à plusieurs reprises pendant huit ou quinze jours, et les
tremper éventuellement aussi dans une solution d’esprit de vinaigre, contenant
une demi-once de « sublimé corrosif. » ensuite, on devait exposer ces
pièces à l’air, en prenant soin de les mettre dans leur situation naturelle à
l’aide d’un cadre et de fils, des épingles, des petits bâtons, des cartes ou du
crin, avec lesquels ont tiendrait les muscles étendus. Par ce moyen, les
parties gardaient leur position au fur et à mesure qu’elles séchaient. L’étape
suivante consistait à les enduire plusieurs fois d’un vernis blanc à l’esprit
de vin. Puis, on donnerait aux muscles une couleur de chair avec un peu de
carmin délayé dans le même vernis, on teindrait les artères en rouge avec du
vermillon, les veines en bleu avec de la cendre bleue, ou du bleu de Prusse, et
les nerfs avec du blanc de plomb, couleurs broyées à l’huile et délayée dans le
vernis. Enfin, il fallait de temps en temps appliquer avec un pinceau ou verser
sur les pièces anatomiques ainsi préparée de l’esprit-de-vin ou de l’huile de
térébenthine, afin de les préserver des mites et des vers.
Rafaël Mandressi
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