Les dissections de cadavres humains n’étaient peut-être
pas courantes au XIVe siècle, mais leur mise en place, amorcée dès les
dernières décennies du siècle précédent, s’est poursuivie sans qu’il y ait
d’indices que la Destetande feritatis, la décrétale émise par Boniface
VIII en 1299, ou des malentendus à son égard aient provoqué un coup de frein à
cette évolution. On disséquait avant la promulgation de la décrétale, on
disséqua également tout de suite après. Il y eut éventuellement des réticences
vis-à-vis des dissections anatomiques après l’émission de la bulle, mais il y
en eut aussi avant, par exemple au sein de la célèbre école de médecine de
Salerne. En fait état l’Anatomie dite de Nicolas, probablement de tradition
salernitaine, et qui date du XIIe ou du début du XIIe siècle : la
dissection du corps humain, y dit-on avait été abandonnée au profit de celle
des animaux, puisqu’on considérait cela « inhumain », surtout chez
les catholiques.
Rafael Mandressi : Le Regard anatomique
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